Le PDZAA 2.0 de la MRC de Maskinongé : la nouvelle ère des documents de planification territoriale

Par Justin Lamare, aménagiste régional et chargé de projet, MRC de Maskinongé

Le Plan de développement de la zone agricole et agroforestière (PDZAA) de la MRC de Maskinongé a été adopté en 2015 et mis en œuvre jusqu’en 2019. Ayant connu un franc succès avec la réalisation de plus de 75% de ses actions, la MRC souhaite poursuivre dans cette lancée en proposant une deuxième mouture qui saura répondre aux nouveaux enjeux du territoire. En collaboration avec la firme PleineTerre, la MRC amorce la révision de son PDZAA en 2020. C’est à ce moment que l’équipe fait un constat simple : la méthode conventionnelle pour élaborer un PDZAA ne mobilise pas suffisamment la communauté et la mise en œuvre n’est pas pleinement efficace. Or, c’est l’implication du milieu qui permet d’atteindre l’acceptabilité sociale. Il s’agit de la principale condition pour qu’un projet de planification territoriale fonctionne et perdure!

La méthode conventionnelle

La méthode conventionnelle d’élaboration d’un document de planification fonctionne en « entonnoir ». Elle est linéaire, rigide, laisse peu de place à la création et formalise le plan d’action sous forme d’une « liste d’épicerie ». D’un plan à l’autre, les actions sont interchangeables, sans même savoir d’où elles proviennent. De plus, le lien entre elles est souvent difficile à établir.

La temporalité se divise régulièrement en deux. La première moitié du temps se consacre à la rédaction du portrait et l’autre, sur l’élaboration du diagnostic, de la vision et du plan d’action. Enfin, les phases de consultations sont souvent réduites à leur portion congrue, car il s’agit souvent de l’étape la plus dispendieuse.

La méthode 2.0

La méthode 2.0 s’articule autour de la création de liens entre les étapes d’élaboration du PDZAA (portrait, diagnostic, vision, plan d’action), le contexte géographique du milieu et les différents acteurs de la communauté rurale.

La méthode 2.0 s’inspire de la méthode Agile qui est utilisée en management industriel. Elle fonctionne par cycle. Chaque cycle est un prototype de PDZAA et chaque cycle permet de bonifier le précédent. Ce fonctionnement permet de s’ajuster, de limiter les erreurs et de donner un maximum d’opportunité à la communauté à prendre part au processus. Concrètement, la méthode consiste à appliquer trois processus en parallèle : l’ancrage communautaire (qui vient remplacer le comité technique), la recherche/analyse, puis le comité de pilotage (qui remplace le comité directeur).

Dans le cadre d’une révision, le point fondamental est de garder un lien entre la version précédente et la version révisée pour pouvoir évaluer ce qui est toujours valable et ce qui ne l’est plus et enfin comment faire évoluer le tout.

Selon Justin Lamare, l’ancrage communautaire est l’élément le plus important pour assurer la pérennité et faciliter la mise en œuvre du PDZAA. Ainsi, l’équipe de la MRC de Maskinongé a réalisé 11 entrevues individuelles, trois forums (jusqu’à 63 participants) et quatre ateliers sectoriels (moyenne de 14 participants). Au total, près de 100 participants et 18 organisations ont été interpelés.

Les forums et les ateliers ont été réalisés de manière ludique selon une méthode de travail en maillage. Ainsi, le point d’orgue du processus a été le forum numéro 3, organisé sous forme d’un marché public. Lors de cet évènement, les grandes lignes du PDZAA ont été présentées afin que les parties prenantes puissent valider son contenu. Puis, la visite terrain a permis aux élus de constater les bons coups de la première édition du PDZAA.

L’ensemble des consultations a été réalisé à l’heure de la COVID-19, ce qui implique que l’équipe a dû s’adapter constamment au contexte pandémique en vigueur. À travers ces rencontres, les parties prenantes ont manifesté la pertinence et la nécessité de concentrer le plan d’action sur l’enjeu
de l’adaptation climatique.

Points innovants sur le PDZAA de la MRC de Maskinongé

La MRC de Maskinongé souhaitait livrer un document innovant. Trop souvent, les rapports prennent la forme de briques difficilement atteignables pour le lecteur lambda. L’équipe souhaitait accessibiliser son PDZAA à la population. Voici une courte description des principales sections du document :

• Portrait : Pour le portrait, l’équipe préférait synthétiser son rapport plutôt que d’y ajouter la section complète, qui a été insérée en annexe. Ainsi, le document principal du PDZAA est succinct et n’excède pas les cinquante pages.
• Diagnostic : Le diagnostic a lui aussi été synthétisé avec le déplacement du traditionnel tableau FFOC en annexe. Son contenu a été adapté en carte dynamique figurant à même le document principal.
• Vision : La vision a été orientée vers l’importance des paysages. Pour la MRC de Maskinongé, les paysages représentent un pilier pour le développement des activités agricoles, car ils façonnent l’agriculture et l’agriculture les façonne en retour.
• Plan d’action : Le plan d’action s’est articulé autour de 13 projets porteurs, tous interreliés et répartis au sein des piliers de développement. Les points les plus importants du plan d’action sont la définition du projet, ses objectifs et les responsables. Les autres éléments, tels que les actions et les partenaires, sont considérés comme une boîte à outils activable en fonction des opportunités.

À propos de Justin Lamare

Justin Lamare est d’origine française et a accompli ses études en France. En 2015, il arrive au Québec et occupe un poste de Consultant en aménagement du territoire. Un de ses premiers mandats est de terminer le PDZAA de la MRC Les Moulins en collaboration avec la firme PleineTerre. Il poursuivra sa collaboration avec cette firme dans la révision du PDZAA de la MRC de Maskinongé.